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    La Belgique reste attractive malgré ses faiblesses structurelles

    L’attractivité d’un pays représente sa capacité à attirer des investissements et une base pour développer des avantages compétitifs. Elle permet de saisir la qualité de l’environnement des affaires, les avantages et les inconvénients d’un pays. Plus un pays est attractif, plus son tissu productif est composé d’entreprises performantes et compétitives. Plus un pays est compétitif, plus il attire des entreprises performantes et donc renforce son attractivité.

    Les investissements directs étrangers (IDE) sont des investissements réalisés par des entreprises étrangères dans des entreprises nationales permettant à l’investisseur d’acquérir au moins 10 % du droit de vote. D’après Eurostat, les IDE représentaient, en 2020, près de 13.461 milliards d’euros dans l’ensemble de l’UE dont les flux provenaient majoritairement de pays hors-UE (54,4 %). La Belgique représentait le 7e pays européen avec une part relative de 3,7 % des IDE provenant du monde entier. Ses voisins la devançaient, les Pays-Bas (27,3 %), l’Allemagne (6,8 %) et la France (5,8 %) se classant respectivement en première, quatrième et cinquième position européenne Ces parts relatives sont plutôt stables à travers le temps, à l’instar du classement de la Belgique par rapport aux autres pays européens.

    L’attractivité de la Belgique selon le EY Attractiveness Survey 2022

    La dernière étude d’Ernst & Young (Attractiveness Survey 2022) positionne la Belgique à la 6e place des pays les plus attractifs d’Europe en 2021. En 2020, notre pays se situait à la 5e place mais a été dépassé par la Turquie, sous le coup d’une reprise fulgurante post-coronavirus. Avec 245 projets d’investissements directs étrangers (IDE) et 6.968 emplois créés, la Belgique se classe derrière la France, pays le plus attractif selon EY (1re avec 1.222 projets), et l’Allemagne (3e avec 841 projets), mais devant les Pays-Bas, 11e avec 151 projets.

    Les pays ayant investi le plus en Belgique en 2021 sont les états-Unis, le Royaume-Uni et la France, tant au niveau de l’emploi créé que des projets d’IDE. Les nouveaux projets sont prépondérants (80 % de nos IDE) contre seulement 20 % pour les investissements d’extensions. Les secteurs belges ayant attiré le plus de projets d’IDE étaient :

    • le transport et la logistique (46 projets) ;
    • les services aux entreprises (41 projets) ;
    • les services software et IT (24 projets).

    Les secteurs ayant créé le plus d’emplois selon EY étaient :

    • les fabricants et fournisseurs de produits de transport (1.175 emplois) ;
    • les services aux entreprises (980) ;
    • la grande et petite distribution (971) ;
    • l’industrie pharmaceutique (847).

    La Belgique s’est affirmée comme une économie de services dans laquelle les cleantechs et les énergies renouvelables sont considérées comme des secteurs clés à l’avenir pour 42 % des exécutifs interrogés par EY, et ce devant les services aux entreprises et l’économie numérique (IT, télécommunications, médias). 54 % des exécutifs envisagent un renforcement de l’attractivité de la Belgique au cours des trois prochaines années. Une proportion similaire d’exécutifs comptent établir ou étendre ses activités dans notre pays, ce qui marque un recul par rapport à l’enquête de 2021. Les services aux entreprises, les services de support, les ventes ainsi que le marketing bénéficieraient de ces nouveaux investissements.

    Certains attraits de la Belgique constituent également des faiblesses. Ainsi, les aides étatiques –  dont les déductions fiscales – traduisent des points forts de notre pays, tandis que notre système fiscal apparaît trop complexe et pesant sur les revenus. De même, la stabilité politique, régulatoire et administrative est à la fois considérée comme une force et comme une faiblesse, bien que les exécutifs interrogés estiment l’instabilité prédominante.

    L’attractivité de la Belgique selon le Global Attractiveness Index 2022

    Le Global Attractiveness Index établi par la European House d’Ambrosetti et validé par la Commission européenne, couvre 148 pays et intègre 80 indicateurs dans l’édition 2022. Il positionne la Belgique à la 16e place des pays les plus attractifs en 2022, ce qui représente une belle performance pour un petit pays et une progression par rapport à 2021 (17e). Cependant, elle se situe derrière ses trois voisins, l’Allemagne ayant le plus grand score. La France occupe la 11e position du classement et les Pays-Bas la 15e. Le score de ces deux pays se situe cependant juste au-dessus de la Belgique (63,2 contre 63,0).

    Lorsque les sous-composantes sont analysées, la Belgique se révèle plus dynamique (dynamique moyenne) que les Pays-Bas (dynamique faible) et la France (dynamique critique), tandis que l’Allemagne se trouve dans la même catégorie (dynamique moyenne). En matière du durabilité, les quatre pays se trouvent dans la catégorie « durabilité haute ». L’indice des perspectives de croissance est quant à lui plus faible en Belgique et en France (perspectives moyennes) qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas (perspectives hautes). Enfin, l’Allemagne est plus exposée au conflit que ses voisins. Cet indicateur a été intégré dans le Global Attractiveness Index à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

    Environnement des affaires

    L’environnement des affaires est déterminant pour la compétitivité et l’attractivité d’un pays. La situation belge est contrastée, entre de bonnes performances économiques et des faiblesses structurelles depuis longtemps mises en évidence.

    IMD World Competitiveness Index

    L’ International Institute for Management Development (IMD) propose chaque année un indice World Competitiveness. En 2022, la Belgique y était classée 21e sur 63 pays étudiés dans le monde entier. Il s’agit d’une progression sur les cinq dernières années (27e en 2019). D’après ce classement, la Belgique se situe devant la France, 28e, mais derrière l’Allemagne (15e) et les Pays-Bas (6e).

    L’indicateur de l’IMD est subdivisé en quatre catégories de performances :

    • la performance économique évalue la situation macro-économique de l’économie ;
    • l’efficacité gouvernementale rapporte dans quelle mesure les politiques gouvernementales mènent à la compétitivité ;
    • l’efficacité des affaires estime l’aspect innovatif, profitable et responsable de la performance des entreprises ;
    • l’infrastructure aborde l’adéquation entre les besoins des entreprises et les ressources de base, scientifiques et humaines.

    Au cours des dernières années, la Belgique a amélioré sa position au niveau de la performance économique, se classant 14e en 2022 après une 24e place l’année précédente. Le classement belge est plutôt stable en matière d’efficacité gouvernementale, avec une 33e position en 2022 (37e en 2021). L’évolution positive de l’efficacité des affaires lui a permis de faire partie du top 20 en 2022 (19e). Les infrastructures belges sont quant à elles 20e en 2022.

    Les bonnes performances belges se situent dans les domaines suivants :

    • le commerce international (7e, performance économique) ;
    • le cadre sociétal (10e, efficacité gouvernementale) ;
    • l’efficacité et la productivité (10e, efficacité des affaires) ;
    • dans l’éducation (8e, infrastructure).

    Outre ces top 10, la Belgique performe mieux à 15 reprises (sur 20) qu’au moins un de ses voisins, et à 6 reprises mieux qu’au moins deux de ses voisins. Les faiblesses de la Belgique sont

    • sa politique fiscale (62e) ;
    • ses finances publiques (47e) ;
    • ses comportements et valeurs (39e).

    Les challenges principaux de la Belgique pour 2022 étaient

    • l’absorption du choc inflationniste découlant de l’envolée des prix énergétiques ;
    • la poursuite des efforts de réduction de la pression fiscale ;
    • la promotion de la formation continue ;
    • la promotion des STEM et des emplois techniques ;
    • la résorption de l’écart au niveau des investissements d’infrastructure.

    De nombreuses politiques publiques ont été mises en place ou sont actuellement développées pour répondre à ces enjeux.

    Investissements et accès au financement

    La dernière enquête d’investissement de la Banque européenne d’investissement (BEI) établissait un regain d’intérêt au sein des entreprises interrogées pour des investissements en Belgique en 2021 après une année 2020 compliquée.

    Les entreprises belges se sont montrées optimistes à propos des conditions d’investissement, que ce soit à propos du climat économique ou des financements internes. Elles sont cependant plus pessimistes à propos de l’environnement institutionnel, du cadre législatif et des financements externes.

    Les entreprises belges ont rapporté deux contraintes principales, à savoir la disponibilité d’employés qualifiés (87 % des entreprises) et l’incertitude entourant le futur (68 %). Les contraintes financières ne pèsent lourdement que pour 5 % des entreprises belges, ce qui fait de la Belgique le 6e pays européen le moins contraint financièrement, derrière la France et l’Allemagne.

    Cet accès au financement pour les entreprises est fondamental pour disposer d’un climat des affaires propice. Dans la dernière enquête SAFE de la BCE, les besoins de financement des entreprises belges ont fortement augmenté entre la période octobre 2021-mars 2022 et la période avril-septembre 2022.

    À l’inverse, les prêts bancaires et les lignes de crédit ont vu leur disponibilité se rétracter entre ces deux périodes. Cette évolution a entraîné une hausse de l’écart de financement en Belgique parmi les entreprises interrogées, bien que la part d’entreprises rapportant des obstacles au financement se soit repliée. Cette situation semble moins préoccupante qu’en France mais l’est plus qu’en Allemagne ou qu’aux Pays-Bas. La tendance est toutefois généralisée dans la zone euro.

    Dernière mise à jour
    15 mars 2023