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    En Belgique, le Centre d’Étude de l’Énergie Nucléaire (SCK•CEN) est un acteur majeur des grands projets de R&D suivants.

    Le projet HADES

    Le projet HADES (High Activity Disposal Experimental Site) est une importante infrastructure de recherche pour l’enfouissement géologique, puisqu’il s’agit d’une galerie creusée en sous-sol à une profondeur de 224 m. Construit dès 1980, ce laboratoire a été agrandi en 1997/1999 et en 2001/2002. L’installation étudie in situ l’argile de Boom, une des argiles étudiées pour accueillir l’installation de stockage géologique belge. De nombreux aspects touchant à la sureté à long terme d’une installation de stockage géologique sont également analysés. Le laboratoire souterrain est encore aujourd’hui une référence pour la recherche sur l’enfouissement géologique dans des formations argileuses. Ce projet est géré par un groupement d’intérêt économique entre l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) et le SCK•CEN, le GIE EURIDICE (« European Underground Research Infrastructure for Disposal of nuclear waste in Clay Environment ») dont le but est d’apporter une contribution active aux études de faisabilité du stockage final des déchets radioactifs en couches argileuses.

    Le projet RECUMO

    Le SCK•CEN développe le projet RECUMO (Recovery of valuable Uranium residues of 99Mo-based radio-pharma in Belgium) en partenariat avec l’Institut National des Radioéléments (IRE). L’objectif est d’apporter une solution structurelle pour gérer les matières irradiées issues de la production de radio-isotopes médicaux actuellement entreposés sur le site de l’IRE à Fleurus. L’installation RECUMO traitera ces résidus dans le respect le plus strict des normes en matière de sureté et de sécurité nucléaires. Ils seront transformés en uranium faiblement enrichi et ensuite purifiés à Mol pour obtenir une matière valorisable de haute qualité, garantissant une gestion durable et à long terme des résidus issus de la production de radio-isotopes médicaux en Belgique. Ce partenariat concrétise la décision du Conseil des ministres du 21 avril 2017.

    Le projet MYRRHA

    Le SCK•CEN travaille activement à la conception et à la construction d’une nouvelle installation de recherche multifonctionnelle : MYRRHA pour Multi-purpose hYbrid Research Reactor for High-tech Applications.

    Un des objectifs de MYRRHA est d’ouvrir la voie vers une démonstration industrielle de la transmutation des déchets de haute radioactivité.

    Une première mondiale

    MYRRHA est au niveau mondial le premier prototype d'un réacteur nucléaire piloté par un accélérateur de particules. Cet accélérateur de particules maintient la réaction en chaîne de la fission nucléaire en agissant comme source externe de neutrons. Le niveau de neutrons étant maintenu par une source extérieure, le réacteur est sous-critique (le cœur ne contient pas assez de substance combustible pour entretenir spontanément la réaction en chaîne).

    Cette première mondiale s’inscrit dans le projet GUINEVERE, issu de la collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), d’une douzaine d’autres laboratoires européens, et de la Commission européenne.

    Le projet MYRRHA est identifié comme projet de haute priorité par le Forum européen de la stratégie des infrastructures de recherche (ESFRI) de la Commission européenne.

    Soutien au projet MYRRHA

    Depuis 2010, le Conseil des ministres apporte son soutien et son engagement en faveur du projet MYRRHA. Le Gouvernement belge a décidé d’allouer un budget afin de maîtriser les incertitudes financières et techniques du projet MYRRHA.

    Le groupe « MYRRHA (MAHG) » a été constitué afin de suivre le projet MYRRHA sur le plan technique, juridique et financier, aussi bien en phase d’étude de concept détaillé qu’en phase d’investissement. Le MYRRHA MAHG compte des représentants du SPF Economie, des représentants du SPP Politique scientifique, deux commissaires du Gouvernement du SCK•CEN et un représentant de la Banque nationale de Belgique. L’inspecteur des Finances y participe en tant qu’observateur. Le SPF Economie en assure la présidence et le secrétariat.

    Le SCK•CEN poursuit le développement du projet dans ces années. Début 2018, le projet se définit selon 3 phases :

    • Phase 1 : construction et exploitation de l’accélérateur 100 MeV, target stations ISOL et dispositif de test de matériaux de fusion;
    • Phase 2 : R&D et augmentation de l‘énergie de l’accélérateur à 600 MeV;
    • Phase 3 : R&D, pre-licensing, construction et exploitation de la partie réacteur.

    À l’issue du Conseil des ministres du 7 septembre 2018, sur la base du degré de maturité atteint par le projet MYRRHA et les recommandations du MAHG, le gouvernement a réitéré son soutien et son engagement en faveur du projet MYRRHA. Ce soutien se traduit notamment par l’inscription du projet MYRRHA comme « projet complémentaire » dans le Pacte National pour les Investissements Stratégiques et par le financement de la première phase du projet, à hauteur de 558 MEUR.

    Le Conseil des ministres a également approuvé la constitution de l’AISBL MYRRHA (association internationale sans but lucratif), un statut juridique adapté aux projets d’envergure dont le financement est assuré par plusieurs États étrangers. Cette décision renforcera la promotion et l’accueil de partenaires étrangers intéressés par le projet MYRRHA et ses applications.

    Le projet SMART

    L’Institut National des Radioéléments (IRE), en partenariat avec l’entreprise de technologie néerlandaise ASML, développe le projet SMART (Source of MedicAl RadioisoTopes). L’objectif est de mettre au point une nouvelle méthode pour la production de Molybdène-99 (Mo-99), le radioélément le plus utilisé en médecine nucléaire. Actuellement, le Mo-99 est produit à partir d’uranium‑235 irradié dans un réacteur de recherche. Demain, il devrait être produit au moyen d’un accélérateur de particules linéaire. Ce qui fait de ce projet un tel défi :  ce nouveau processus doit produire du Mo-99 d’une qualité qui soit compatible avec le type de générateur utilisé actuellement dans les hôpitaux. La modification du processus de production n’aura donc pas d’influence sur l’utilisation du produit final ni sur la qualité de l’imagerie. 

    Nouvelle et durable, cette technologie permettra aussi bien une forte diminution des déchets nucléaires qu’une importante simplification de leur traitement. De plus, elle est intrinsèquement sûre et exclut l’émission de radioactivité pendant le nouveau processus de production. Toute la problématique de la négociation et du retraitement de l’U‑235 disparaît évidemment.

    À l’issue de la phase de mise au point du projet, l’IRE se basera sur les risques techniques, économiques et commerciaux pour décider de la construction d’un prototype de la ligne de production qui reprendra l’actuelle production industrielle. Grâce à cette technologie durable, l’IRE produira du Mo-99 qui servira au diagnostic de plusieurs millions de patients, dans les prochaines décennies.

    En septembre 2018, le gouvernement fédéral a décidé de soutenir le projet et de se charger, par le biais du Pacte National pour les Investissements Stratégiques, d’une partie de son financement à concurrence de 52 millions d’euros.

    Dernière mise à jour
    24 août 2022