
Étude « Flexibilité d’énergie » : Des tarifs flexibles rendent-ils les consommateurs flexibles ?
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Rendre nos sources d’énergie plus durables devra également conduire à une consommation d’énergie plus durable. Cela signifie, d’une part, que nous devrons passer à l’électricité pour de nombreux usages, mais aussi que nous devrons rendre l’utilisation de l’électricité plus flexible.
Beaucoup d’encre a déjà coulé sur diverses incitations tarifaires qui encourageraient les consommateurs à une telle utilisation flexible de l’énergie. La CREG a déjà examiné, entre autres, une « généralisation d’un tarif qui varie en fonction des périodes de pointe et des heures creuses, ou qui repose sur un signal instantané de l’utilisation attendue du réseau ».
Cependant, nous craignons qu’une telle généralisation des taux flexibles ne fasse qu’aggraver les écarts sociaux. En effet, comme pour les investissements dans l’efficacité énergétique, le coût de revient est un obstacle majeur. Par exemple, un certain nombre de familles monoparentales ont très peu de marge financière et moins de possibilités de modifier manuellement leurs habitudes. Avec cette étude, basée sur une enquête menée auprès de 1.780 Belges de plus de 25 ans, nous dressons une cartographie de ces écarts (ainsi que de la manière dont ils pourraient évoluer à l’avenir).
Nous soulignons que ces chiffres peuvent principalement être utilisés pour comprendre les relations entre les différents groupes. Les questionnaires en la matière sont a priori principalement remplis par des personnes qui ont déjà une certaine connaissance ou un intérêt pour le marché de l’énergie. Par exemple, nous avons remarqué une surreprésentation des personnes qui ont déjà accès à des sources d’énergie durables. Nous supposons donc que les lacunes décrites dans l’étude sont en réalité une sous-estimation de ce problème.
Bref résumé des résultats
Tous les ménages ne sont pas prêts à se comporter de manière plus flexible sur le plan énergétique dans un avenir proche. Plusieurs facteurs jouent un rôle à cet égard :
- Âge : les générations plus âgées sont plus disposées à adapter leur comportement (et donc à décaler manuellement certaines consommations d’énergie). Les jeunes générations sont plus intéressées par l’utilisation d’outils technologiques pour cela et sont plus disposées à faire des investissements ;
- Les familles monoparentales ont visiblement eu plus de mal à faire les investissements nécessaires que les autres ménages.
- En général, plus on monte dans l’échelle sociale, plus les ménages disposent de charges flexibles.
- Connaissance du marché de l’énergie en général : les résultats publiés ici ne prennent pas en compte la partie de notre panel qui avait entre 18 et 24 ans. Ce groupe était souvent incapable d’estimer les sources d’énergie qu’ils utilisaient à la maison. Mais la population générale manque également de connaissances sur certains aspects du marché de l’énergie. Seuls 23 % de nos répondants de plus de 25 ans ont une idée de ce qu’est une communauté énergétique. Seuls 43 % de ces répondants savent ce qu’est un tarif de capacité (en Flandre, où ce tarif a effectivement un impact sur la facture, seulement un peu plus de la moitié savent encore ce que ce tarif implique).
- Connaissances et intérêt technologiques : Dans notre étude sur la fracture numérique en Belgique (2023), nous avions déjà identifié le secteur de l’énergie comme le secteur par excellence où la fracture numérique jouera un rôle de plus en plus important. C’est ce que confirme ici. La possession et la connaissance de technologies flexibles ou durables encouragent souvent de nouveaux investissements. De nombreux ménages n’ont pas les ressources et/ou les connaissances nécessaires. Plus nous nous concentrerons sur des tarifs énergétiques flexibles, plus cette fracture numérique s’élargira et s’approfondira.
À propos de l’éditeur
Cette étude a été réalisée par l'AB-REOC, qui est une association sans but lucratif offrant une plate-forme aux différentes organisations de défense des consommateurs. Cette étude est publiée sur le site internet du SPF Économie, avec son accord. Ce dernier met cet espace à la disposition de l'AB-REOC mais n'est pas responsable du contenu de ses études.